Samedi 8 Octobre, 15h23. Nous arrivons en terre membrolaise, pleins d’entrain et d’espoir face à une des rares équipes dont nous avions triomphé l’an passé.
15h52. Alors que notre composition est donnée depuis un quart d’heure déjà, il se trouve que la leur n’est pas encore prête.
15h57. La 13ème tentative de leur capitaine pour écrire «Andjelko Dragojlovic» correctement est couronnée de succès. La feuille de match voit alors le jour:

Krum Georgiev et Alina-Laura Rasinaru ont rejoint leurs camarades franco-bulgaro-serbo-slovènes durant le mercato d’été, tous unis par le même amour de la maille…euh du maillot, pardon.
Nous mêmes sommes très légèrement renforcés par le retour de sa sainteté Léopold, en échange du départ de Stéphane vers des contrées moins lointaines en Nationale 4 avec l’équipe 2.

A la pesée nous faisons pâle figure et les débats s’annoncent quelque peu déséquilibrés. Seul Rémi au 7ème échiquier a un elo égal à celui de son adversaire. Pour Claire qui est sur une bonne série depuis l’an dernier (une victoire de rang), la tâche est la plus ardue puisqu’elle rend à son adversaire du jour exactement 228 points.

La Membrolle-Sur-Choisille Echiquier de l’Erdre
Ninov Nikolai 2472 Duboué Peio 2415
Georgiev Krum 2380 Le Ruyet Léopold 2232
Bujisho Benjamin 2353 Le Goff Ronan 2308
Dragojlovic Andjelko 2331 Hutois Mickaël 2242
Toulzac Pierre-Yves 2226 Prodhomme Boris 2122
Plesec Damjan 2206 Hourlier Claire 1978
Mayer Philippe 2069 Picard Rémi 2069
Rasinaru Alina-Laura 1923 Aubry Justin 1875

16h06. Début de la ronde. Qui nous remboursera ces 6 précieuses minutes de notre vie? Certainement pas Boris dont le crédit pendule est épuisé depuis le 1er coup, une hésitation théorique trop longue quant au choix du stylo à utiliser le propulsant en zeitnot, sans passer par la case rajoute-temps. Si notre polytechnicien manque de temps, son fou de cases blanches lui, manque grandement d’espace dans une catalane sans vagues.

Rémi à l’inverse, suit à la lettre les consignes d’avant match et enchaîne avec délicatesse, ne laissant pas son opposant respirer. Mieux, au 10ème coup à peine, l’avantage du trait de son adversaire n’est que poussière. Justin, bien inspiré au 8ème échiquier, attaque tambour battant et étrille son adversaire dans un étau de Maroczy d’école.

Claire et Plesec sont plutôt piano piano (borissimo). Et lorsque au 5ème coup chacun se rend compte que la position a quitté la théorie, s’engage un vrai duel de salon de thé. 2 biscuits, 1 sucre et 3 coups plus tard tous deux n’ont plus qu’une vingtaine de minutes au cadran. Pourtant poussée par Alain notre supporter d’un week-end, vuvuzela à la main et bague de fiançailles dans l’autre, rien n’y fait. Notre demoiselle perd un pion.

C’est à peine plus cadencé devant. Ronan que l’on connaît blitzeur de renom, joue aujourd’hui presque moins vite qu’il ne court. En face, Benjamin Bujisho a un style toujours aussi imperturbable et les coups s’enchaînent avec plus de rythme, les yeux dans les yeux. Mika a lui aussi été piqué par je ne sais quel mouche et engage une vingtaine de minutes de son temps dans l’ouverture. Dommage, car la Sicilienne Dragonjlovic de son adversaire n’est pas au point.

Peio a réservé une petite surprise dans l’ouverture à son opposant. Une idée lumineuse quand on voit la mine déconfite de ce dernier au premier coup. A la seule exception près que notre joueur n’est pas vraiment au fait de toutes les subtilités de sa propre nouveauté, qui se retourne alors contre lui. Enfin, pour son retour à la maison, Léopold semble avoir fait dans la modestie avec une sicilienne au fou e2 peu ambitieux. Mais nul ne se doute alors qu’il cache sous sa chevelure légendaire d’autres desseins, ceux d’une attaque sanguinaire, emmenés par les pions e4 f4 et g4.

Ronan, dans un petit jour, est le premier à déposer les armes, tactifié à bout portant dans le milieu de jeu, 0-1. L’adversaire de Léopold a innové, sacrifiant la tour en c3 sans vraiment de compensations. Intelligent, notre seconde table rendra la qualité au moment opportun, sa marée de pions faisant office d’avantage suffisant pour conclure sur un roi un peu trop actif… alors que les dames ne sont pas échangées. 1-1.

Fait étrange table 1, où Philippe Mayer vient discuter en pleine partie à Nikolai Ninov de sa position. «Can I take risk?» aurait entendu Leopold. «Don’t take risk» a plutôt ouï Justin. Aucun des deux acteurs de la scène n’étant capitaine, le nom de celui-ci n’étant même pas inscrit sur la feuille de match à l’heure du crime, on est en droit d’être étonné. Plus tard dans la soirée, le joueur se défendra en conférence de presse avouant: «Je demandais simplement à mon ami Ninov si il voulait venir chez moi après la partie pour jouer au Risk, en mangeant un cake.». Nous voilà rassurés.

On retrouve table 7 ce bon vieux Fifi qui a depuis repris du poil de la bête, comprenez le pion d’un Rémi. Il faut dire que la réponse claire et précise de Ninov, «grmblr», agrémenté d’un signe véhément de la main, vous motive un homme. A ses côtés, Claire lâche prise, huée par la foule concubine, qui, finalement, se fendra d’un baiser réparateur 1-2. Quelques minutes plus tard, Filou met fin à la souffrance de Rémi 1-3.

Arrive ce fameux moment où il faut chercher les points là où il n’y en a pas. Peio a repris des couleurs dans les complications tactiques et sort en finale avec un fantassin d’avance. En revanche, la position prometteuse de Justin s’est transformée en dame et pion(s) contre tour et fou pour Rasinaru. Le fou de Boris est toujours aussi bloqué et sa position est désastreuse. Mickaël a très certainement raté son milieu de jeu et le voilà lui aussi en posture délicate avec quelques pions miséreux pour une pièce.

Faisons le calcul. Si Peio parvient à remporter sa finale tour fou 3 pions contre tour cavalier 2 pions, que Justin ne se fait pas mater, évite la promotion du pion avancé adverse et parvient à tenir la finale tour fou contre dame, que le fou de Boris sort miraculeusement, par la porte ou par le fenêtre et que Mika réussit à damer l’un de ses pions, alors peut-être on pourra tirer quelque chose de ce match.

C’est un peu le même genre de raisonnement que quand vous êtes derniers du classement et que vous vous dîtes qu’en battant les deux premiers du championnat lors du dernier week-end tout redeviendra possible. Ah, ça aussi, ça pourrait nous arriver? Bigre. Finalement, Justin, abandonne, suivi de Mika et Boris. Peio se heurte lui aux seuls coups du Bulgare pour tenir sa nulle, jeu set et match La Membrolle, score final 6-1.

La qualité de nos parties aujourd’hui est presque aussi mauvaise que l’ambiance est bonne. Cela va un peu de pair finalement, être entre nous étant presque suffisant, nous nous laissons aller, nous perdons et nous en rions, presque. Le lendemain, nous affrontons Tours, avant-derniers de la division l’an passé. Allons-nous nous retoursser les manches?

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