Samedi 30 Janvier, 16h. 6ème ronde de Nationale 1 pour nos joyeux lurons toujours à la recherche de leur première victoire en championnat. Rien de tel pour cela que la réception d’un concurrent direct au maintien, la Membrolle-sur-Choisille ayant quelques peu renforcé son effectif, n’étant plus à un mercenaire près.

Les Indroligériens ont donc déniché 3 petits maîtres en solde sur le marché Yougoslave, à usage unique. Une bonne affaire, si jamais ils fonctionnent. Ceux-ci ont même poussé le professionnalisme un peu plus loin puisque nos adversaires sont accompagnés ce jour d’une horde de supporters au nombre de deux, venus encourager les leurs.

Mais jouer chez nous n’est pas chose aisée. Une salle étroite, les cris d’un tournoi de handball dans le gymnase d’à côté et une salle d’analyse à quelques mètres des tables de jeu. Un vrai traquenard, que seuls les habitués maîtrisent.

Heureusement, Christophe est un arbitre exemplaire. «Bienvenue à tous, les toilettes sont en haut, bon séjour à Sucé-sur-Erdre». Un accueil toujours aussi chaleureux, suivi du traditionnel «Les noirs déclenchent le conducteur des blancs sur start qui appuie sur la pendule de leur adversaire. Et au fait, il y a du café et du gâteau. Bonnes parties.».

La Membrolle-Sur-Choisille Echiquier de l’Erdre
Ninov Nikolai 2450 Le Goff Ronan 2299
Dragojlovic Andjelko 2305 Duboué Peio 2372
Plesec Damjan 2284 Hutois Mickaël 2253
Bujisho Benjamin 2356 Prodhomme Boris 2127
Toulzac Pierre-Yves 2185 Crouan Stéphane 2177
Mayer Philippe 2057 Hourlier Claire 2007
Burille Matthieu 2035 Picard Rémi 2079
Bignand Hélène 1309 Aubry Justin 1881

Le match débute. e4-e5. «Je sais plus si je vous ai dit, mais les toilettes sont en haut».
Au premier échiquier, Ronan avec les noirs échange la quasi totalité des pièces mineures dans un gambit écossais, réussissant à ne garder que les fous de couleurs opposés, au prix d’une structure de pion érodée.

A ses côtés, Peio improvise sur une sicilienne dragon. Un petit roque timide, une imprécision dans la théorie et un adversaire qui pousse d5 facilement, l’ouverture du dacquois n’est pas vraiment au point. Mais les premiers coups sont souvent le gagne pain des maîtres internationaux vieillissants, cependant qu’en sera-t-il après quelques escarmouches tactiques d’un jeune premier haut en fraîcheur? Dragojlovic pare la fourchette.

Et Mickaël, ah Mickaël. Mika pour les intimes, Mike pour ceux qui préfèrent. Cet art, ce génie, ce don. Le surf. Prendre un pion et se lever sur sa planche, attendre la déferlante, esquiver un, deux, trois requins. Ne toujours pas roquer, reprendre un pion. Garder les pièces au chaud, reprendre la vague. Un tsunami, Mickey mousse. Il n’est jamais aussi heureux que dans ces moments là.

Table 4, on apprend que la Membrolle-sur-Choisille est en fait une équipe française, puisqu’elle aligne le Maître International Benjamin Bujisho face à Boris. Ce dernier dans une Est-Indienne souffre très vite au temps. Ce masochisme récurent est d’autant plus préjudiciable lorsque la position est comme ici très déséquilibrée, par des roques opposés notamment.

On me signale un peu plus loin que Rémi a lancé une blitzkrieg sur le roi blanc dans une sicilienne. Une barbarie peu commune chez notre pacifiste adoré. Son adversaire, qui a visiblement mal supporté le voyage, repartira avec un joli souvenir en b2. Nous menons 1-0.

L’ennui avec les résumés de matches ancestraux c’est que les souvenirs ne vous accompagnent pas toujours. A la régie, Frédo me souffle que l’ouverture de Stéphane est une est-indienne. Voilà, vous savez tout. Votre vie est sauve. Merci Frédo.

Claire court toujours à la recherche de son premier point par équipe. Les prophéties vont bon train dans ce genre de circonstances peu flatteuses. Du simple «mais si je suis sûr que ça va venir» au fameux «t’inquiètes pas tu marqueras 1 point dans l’année, ce sera le bon» en passant par le non moins pertinent «on te fera jouer au 4 en départementale 2 avec les blancs pour la dernière ronde», les encouragements de ses coéquipiers sont légions. Une italienne classique pour se remettre en jambe, rien de bien méchant, on attend le turn.

Enfin Justin n’avait pas l’opposition la plus relevée de l’année au 8ème échiquier. Sous-estimer son adversaire est souvent la seule chance de défaite dans ce genre de parties, ce que ne fait pas notre ami qui d’ailleurs n’est même pas au courant du élo de son opposante. Il l’apprendra peut-être dans ce résumé. Gagnant un pion de plus assez vite, il double la mise, 2-0.

Un peu plus haut, Andjelko a finalement pris sa tactique à deux francs dans une position supérieure. Le pion de moins devient bientôt qualité, la qualité enfantera elle bientôt d’un nouveau bébé pion et une gaffe plus tard le MI serbe donnera son autographe, 3-0. A l’analyse pourtant, le jeu d’échecs semble n’avoir aucun secret pour lui, toute la salle profitant d’ailleurs de ses jugements à haute voix. Le début d’un long calvaire sonore pas plus lié aux grondements rauques de ce dernier, qu’aux conditions de jeu toujours aussi médiocres en terre sucéenne.

Après un double salto, triple lutz, quadruple axel, rondade flip, position du lotus, Mika retombe sur ses pattes avec une plâtrée de pions en plus. Pas à l’aise tactiquement, son détracteur se perd dans ses pensées et son sacrifice de tour échoue, le perpétuel espéré ne durant que deux coups, 4-0.

Le nul d’ores et déjà assuré, nos sbires se relâchent alors. Boris, dont le temps commence à manquer cruellement craque doucement jusqu’à la défaite et dans la foulée Claire ne brise malheureusement pas sa belle série après une attaque de mat foudroyante qui lui coûtera du matériel, 2-4.

Restait Ronan, dont le pourcentage au premier échiquier restait assez léger (0% de victoire grasse) et Stéphane sur qui l’on peut habituellement compter dans les moments chauds. C’est d’ailleurs ce dernier qui nous offrira finalement une belle victoire après une grosse attaque de pièce lourde, d’après Frédo. 5-2. Enfin, notre pointe du jour se perdit dans une finale de fous de couleurs opposées avec un pion de moins, 5-3.

Mais l’important était ailleurs, puisque avec notre première victoire, nous remontions dans le milieu de classement, comme si de rien n’était. Le match du lendemain s’annonçait plus compliqué, face à la robuste équipe de Poitiers-Migné.