Feuille de match :

Sautron Échiquier de l’Erdre
Navrotescu Catalin (2366) Le Goff Ronan (2300)
Tripoteau Nicolas (2366) Duboué Peio (2368)
Navrotescu Andreea-Cristiana (2270) Hutois Mickael (2263)
Li Frédéric (2259) Crouan Stéphane (2150)
Dutreuil Raphael (2150) Picard Rémi (2084)
Ladrat Matthieu (2166) Hourlier Claire (2030)
Dubois Pierre (2139) Prodhomme Adrien (1914)
David Bogdan-Emmanuel (1915) Aubry Justin (1876)

 

Dimanche 4 octobre, quatorze heures passées. Huit sucéens en rang d’oignons font face à leurs homologues sautronnais. Le silence se fait, chacun attend le début de la ronde, le lancement d’une saison qui paraît déjà réussie tant il paraît incroyable d’y être. Des rires nerveux, puis amusés. Des sourires béas, une pression qui s’envole, un peu trop peut-être. Comme si on était bien là, qu’on pouvait perdre, tranquillement, et repartir.

 

Et c’est ainsi que le match à peine commencé paraît déjà bien loin, face à une équipe déjà rodée à ce niveau, bayer aux corneilles ne pardonne pas. Et si nous nous contentons d’admirer la Nationale I cette saison comme nous l’avons fait dans l’ouverture aujourd’hui, le spectacle risque d’être de courte durée. Face à la famille Navrotescu aux échiquiers 1 et 3 Ronan et Mika choisissent des lignes sinueuses. Si pour le second nommé, la coutume est respectée, le premier lui nous a habitué à plus d’aptitudes à sortir des débuts de parties. Au milieu du sandwich, Peio fait un œuf crédible avec ses fianchetti qui cognent les murs dans une sicilienne Paulsen.

Ne cherchez pas de bonnes nouvelles plus loin, c’est presque pire. Claire et Adrien, échiquiers 6 et 7, sont déjà déroqués, notre féminine perdant même une pièce dans le blizzard, tandis que Rémi avec les noirs peine à égaliser face à un gambit dame solide de son adversaire. Son roi perdu en g6 quelques coups plus tard en dit long. Enfin avec les blancs échiquiers 4 et 8, Stéphane et Justin ont obtenu des positions sensiblement égales dans une écossaise et une sicilienne dragon. Une petite souris me glisse à l’oreille que les locaux envisagent alors un 8-0.

 

C’est sans compter sur la capacité des joueurs de l’Erdre à surfer sur l’échiquier. Si leurs positions sont instables, leur combativité leur permet sans cesse de rester sur la vague. Ainsi, Peio trouve du contre-jeu malgré son pion de moins et en sacrifie un de plus pour cette noble cause. Mika stabilise sa position, Claire retrouve sa pièce et se démène pour revenir. Malgré son monarque en vadrouille Rémi ne lâche pas non plus et tient bon. Adrien dans un jour sans, craque le premier. 1-0 pour Sautron.

Quelques minutes plus tard, Peio surgit de la tempête tactique avec une pièce de plus. Brisant les derniers vents ennemis, il égalise 1-1. A la surprise générale, Rémi, la main ferme, pousse un fantassin destructeur jusqu’en e2, la dame arrivant inévitablement en e3 pour fourchetter le roi g1 et la tour c1 adverse. 1-2. Nous sommes enfin dans le match! Même Ronan refait peu à peu son retard positionnellement. Mais ceci lui a coûté tant de temps, qu’il commet des imprécisions en zeitnot et vole en éclats 2-2.

 

La moitié du match passée, le suspens reste entier puisque Mickaël est de mieux en mieux, que Claire a gagné une qualité contre un pion et des complications en finale, à l’inverse de Stéphane qui a sacrifié la sienne pour du jeu. Le pion isolé de Justin a implosé, sa finale de tours à 3 pions contre 4 paraît compliquée. Claire décline la nulle de son adversaire et sa position va se tendre peu à peu. Une tour et un cavalier contre la paire de fous, des pions sur les ailes opposées, les arnaques sont de sortie. Notre président l’emporte finalement 2-3! Stéphane, comme au bon vieux temps maîtrise sa finale et asphyxie son adversaire jusqu’à l’étouffement. 2-4.

Après de nombreux retournements de situation, et une position infiniment complexe, Claire, qui aura oscillé entre volonté de gagner et sauvetage de la nulle, va malheureusement tomber au temps alors que le partage du point allait être scellé. 3-4. Au bout du temps additionnel, la victoire nous échappera puisque Justin craquera également face à un redoutable jeune adversaire 4-4.

 

L’exploit a donc filé entre nos doigts, mais nos regrets restent adoucis par le score flatteur au vu des compositions d’équipe et du contenu même de nos parties. Le derby de Loire-Atlantique accouche donc d’un nul de haute voltige, plus que de haute volée. On se retrouve mi-novembre pour un grand classique, face à nos meilleurs ennemis cherbourgeois.