Dimanche 10 Janvier, 8h30. Le jour sonne, le soleil salue la foule, la pluie le douche et les nuages l’habillent. Un petit déjeuner plus tard, nous sommes fin prêts à remuer ciel et terre pour y trouver notre première victoire en championnat.

Une question chatouille les esprits cependant. Comment parviendrions-nous à vaincre une équipe prétendante à la montée, quand nous avions perdu la veille face à un concurrent au maintien?
10h00. La composition lexovienne tombe, leur capitaine la ramasse, les paupières lourdes.

Sur leur torchon déchiqueté, on peut décrypter des noms de scène tels que «Coco», «Totor» ou «Whiskiki». Nul doute que nous avons à faire à des artistes. Après reconstitution, sous l’égide d’un Huissier de Justice et de «Maxoufoudu14», les oppositions apparaissent comme telles:

Echiquier de l’Erdre Lisieux
Duboué Peio 2372 Colin Vincent 2400
Le Goff Ronan 2299 Godard Maxence 2321
Hutois Mickaël 2253 Stéphan Victor 2298
Crouan Stéphane 2177 Coursaget Nicolas 2340
Prodhomme Boris 2127 Le Borgne Pierre 2269
Aubry Justin 1881 Marchadour Emilie 2092
Prodhomme Adrien 1904 Barbini Denis 2055
Terrazzoni Claire 1844 Doucet Antoine 1818

10H05. Les parties…ne débutent pas. La maison ne fait pas ponctualité le dimanche.
-Coca, Oasis, Perrier ou eau?
-Vous avez du jus de Goyave?

29 Coca, 1 Oasis, 1 Perrier et 1 eau plus tard…

…Les parties débutent, du moins pour les joueurs présents, soit 8 sucéens contre 2 lexoviens.
10H15. Ils sont tous là, détendus et souriants, comme à leur habitude. Imperturbables.
Au premier échiquier, Peio s’essaye à une sous-ligne de l’italienne qu’il affectionne. Si elle paraît inoffensive, elle oblige les noirs à défendre précisément et offre un plan assez limpide pour les blancs, ce qui leur évite de trop réfléchir au petit matin.

Ronan est opposé avec les noirs à un fin connaisseur de l’ouverture et après quelques escarmouches esquivées, Godard semble avoir pris un léger avantage sur notre second, qui s’était auto-proclamé solide avec les noirs en début d’année. Avec 0/2 jusqu’alors, nous espérions qu’il confirme ses dires aujourd’hui.

Planté au 3 comme à l’accoutumée, Mike a les blancs contre un joueur qui n’a de cesse de trouver des ressources inattendues dans des situations embarrassantes. Ainsi, pour couper court à un quelconque tour de magie futur, il opte pour une ligne très solide face à la sicilienne.

La défense de Stéphane face à d4 s’apparente à une Est-indienne. Mais Coursaget est très vite surpris par un sacrifice thématique Cxe4! puis Cxe4 et f5! après quoi notre doyen récupère sa pièce et obtient une très bonne position. Son opposant malicieux choisit alors le moment opportun pour proposer nulle. Notre joueur, en manque d’inspiration et avec 150 élo de moins choisit d’accepter. Un bon résultat avec les noirs, 0-0.

Boris a 25 ans, le teint célestin et l’haleine fraîche. Passionné de poterie et d’apiculture, il crée en 2003 l’association «un pot de miel pour nos abeilles» afin de nourrir les plus démunies d’entre elles au Zimbabwe. Boris adore voyager, dans sa Creuse natale notamment, où il aime partager des moments solennels avec la nature et se baigner dans la rivière. Son plat préféré est le taboulé, qui lui rappelle son enfance et les repas mitonnés par son papa d’origine bolivienne, comme son nom l’indique. Je n’ai en revanche aucun souvenir de son début de partie.

Il était inutile de regarder la partie de Justin pour deviner que nous aurions droit à une Caro-Kahn. En revanche, la réponse adverse par c4 d4 Fe3 Fe2 est plus qu’étrange et ici les noirs baignent dans leur idéal puisque les canons c5! et e5! sont prêts à faire feu.

Faire feu, un concept qu’Adrien a décidément bien du mal à appliquer avec les blancs, nous gratifiant, à l’instar de Mickaël, d’un système plus solide qu’actif. Face à un adversaire de 150 points élo son aîné, ce n’est probablement pas une mauvaise solution.

Dans une Tarrasch chère aux jeunes joueurs du coin face au gambit dame, Claire n’a malheureusement pas réussi à utiliser ses pions pendants c5-d5 à bon escient, alors que le coup c4 un peu plus tôt aurait mené à une majorité thématique bien plus prometteuse. Doucet, au fait de ce genre de structure, ne tarde pas à faire imploser le pion d5. Notre demoiselle souffre.

Peio a profité de la méforme adverse pour prendre un sérieux avantage de développement sur sa position. Une activité que Colin pense d’abord maîtriser avant finalement de perdre pied et de céder une pièce. Notre chef de file reprend une part de quatre-quart, et n’en fait qu’une bouchée, 1-0.

Ronan en grande souffrance a perdu un pion et cherche du contre-jeu à l’aile roi en profitant de la disparition du fianchetto en g2. Les cavaliers g4 et g5 sont pénibles, mais l’ennemi ne faiblit toujours pas tactiquement. Dans le même temps, Claire abandonne. Remercions la, une fois encore, car sans féminine, le traditionnel -1 infligé n’est jamais de très bon goût. 1-1

La Caro-Kahn de Justin a finalement aboutit à une bonne finale de fous de cases noires, grâce aux pion c5 et e5 fixés côté blancs. Mais ce petit avantage à long terme ne suffira pas à notre joueur pour trouver la faille, qui conclut l’armistice. 1-1, restent 4 parties.

Je retrouve le signal radio de Boris table 5, qui s’avère être excellent. Un pion de plus en finale, puis bientôt 2, soit autant que le nombre de minutes restantes à la pendule. Gageons que ce sera suffisant pour l’emporter, surtout en finale de tours.

A ce moment du match, nous sommes très bien partis car seuls Ronan et Adrien peuvent perdre et Boris a de grandes chances de gain. Mickaël a dans le même temps une finale avec pièces de plus contre 3 pions, thème récurrent de nos parties du week-end, suite à un bel échange tactique à la volée.

Que dire alors lorsque Adrien revit ses plus grandes heures de tacticien castelbriantais et chipe non seulement la paire de fous mais également un pion à son ennemi. Alors que le match semble définitivement avoir basculé, Mickaël prend la nulle, 1-1.

Mais au même moment, Adrien gaffe par manque de temps et le cours du match s’inverse. Je me demande si:
A-Il oublie d’appuyer sur la pendule, B-Il n’a pas assez de force pour appuyer sur la pendule, C-Il appuie du mauvais côté de la pendule ou D-Il appuie sur la mauvaise pendule.
Pour m’éclairer, envoyez vos réponses au 6 13 13, 50elo/min + prix d’un SMS. 1-2.

Il est alors écrit que le match se jouerait sur la partie de Ronan. Alors que son adversaire rend son pion d’avance, notre joueur rate l’égalité et abandonne en suivant, 1-3. Pour l’honneur, Boris nous fera regretter encore un peu plus cette défaite, 2-3.

Nous repartons donc les mains vides de la Manche. L’équipe jouera les 30 et 31 Janvier face à La Membrolle-sur-Choisille et Poitiers, dans des matches cruciaux pour le maintien. Avant cela, rendez-vous ce week-end face à La Bruffière, pour un gros match de coupe de France.